Les hommes de la Révolution

ENOE en

Disons, en attendant, que dans ses polémiques avec les académiciens et les savants officiels, si Marat eut tort quelquefois, il eut plus souvent encore le bon droit et la raison de son côté.

Tel était l'homme à la veille de la Révolution. (1). Savant méconnu, philosophe désabusé, il vivait à l'écart, modestement, de l'exercice de son art. Viennent maintenant les coups de foudre et les tempêtes, Marat quittera tout, laissera ses travaux, abondonnera son foyer et se jettera à corps perdu dans la tourmente.

Nous allons le voir à l'œuvre.

IV

Marat au 14 juillet. — L’«Ami du Peuple».

— Les dénonciations

Nous voici au 14 juillet 1789. La Bastille vient de se rendre au peuple. A l'entrée de la nuit, sur le Pont-Neuf, un officier commandant un détachement de dragons allemands arrête son cheval et se met à haranguer la foule qui applaudit. Soudain un petit homme qui, jusque-là, écoutait en silence, bondit, saisit la bride du cheval et ordonne à l'officier de remettre ses armes et celles de ses soldats entre les maïns du peuple. L'officier hésite. Le petit homme réitère ses commande-

(1) Depuis 1786, Marat n'était plus médecin à la cour, L’Almanach royal cesse de le mentionner. Il s'était démis volontairement de ses fonctions après les avoir exercées pendant 9 ans,