Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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seph non seulement avec le respect que l’on professait alors pour l'aîné, mais aussi avec l'admiration que leur inspiraient ses talents, sa science et son esprit de conversation. Pour lui, ces affections de famille lui suffisaient avec ses chères études et sa carrière de magistrat. Ce ne fut qu'assez tard, lorsqu'il eut perdu ses parents, etquand il avait déjà trente-deux ans, qu'il se décida à se marier. Mademoiselle Françoise de Morand, qui devait partager les soucis et les épreuves et aussi les joies et les honneurs de son mari avec cette égalité d'humeur et cet oubli de soi-même si nécessaires à la femme d’un homme d'action, formait le plus frappant contraste avec M. de Maistre. D'une réserve un peu silencieuse, et presque taciturne, d’une amabilité un peu froide, et presque sèche, d’un esprit pratique et positif, femme d'intérieur avant tout et fort peu femme du monde, elle se consacra exelusivement, pendant sa longue séparation de son mari, à l'éducation de ses enfants. Maistre d'ailleurs, dans une lettre adressée en 1806 — après vingt ans de mariage — à l’une de ses vieilles amies protestantes de Genève, madame Huber-Alléon, a rendu un touchant hommage aux talents d’éducatrice de sa femme en même temps qu'il à marqué très plaisamment la différence de leurs caractères: «Je ne suis pas étonné » — écrit-il — « que vous n'ayez pu tirer ni pied ni «aile de madame Prudence (combien j'ai ri de ce mot!) » — c'est madame de Maistre qu'il dèésione « À Turin, même à côté d'elle, il n’y a pas moyen, je «ne dis pas de la faire parler sur moï, mais pas seu« lement de la faire convenir qu’elle à reçu une lettre