Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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« s'abstenir, apprendre, sans cesser d’en être ten« drement aimée. Comment fait elle? Je lai tou«jours vu sans le comprendre; pour moi, je n’y « entends rien. »

Maistre se calomniait, cela va sans dire, lorsqu'il affirmait à Madame Huber qu'il n’entendait rien à l'éducation. Ses lettres à ses filles vont nous fournir de nombreuses preuves du contraire. Peu de pères ont été plus tendres et plus fermes à la fois que lui, plus fiers et plus heureux des bonnes qualités de leurs enfants en même temps que moins aveugles sur leurs travers et leurs défauts. Dans les premières années de son mariage, avant qu’il eût quitté la Savoie, ses lettres sont pleines de détails sur sa petite famille, car, suivant son aimable parole, « quand un « père à commencé à parler de ses enfants, c’est une « boule sur un plan incliné ». Trois enfants étaient nés de son mariage: Adèle, qui épousa fort tard un Francais, M. Ferray, mourut à Rome en 1862, et dont les cendres reposent à deux pas de la salle où nous sommes, dans l'église du Gesu; Rodolphe, qui rejoignit son père à Pétersbourg, en 1805, fut admis, à dix-huit ans, dans le corps des chevaliers-gardes du ezar Alexandre IL, se battit vaillamment dans les campagnes de Friedland et d'Eylau, fut plus tard gouverneur de Nice sous le roi Charles-Albert, et devint à son tour le chef d’une très nombreuse famille dont plusieurs membres vivent encore aujourd’hui; et enfin Constance dont la naissance eut lieu dans des circonstances dramatiques que je dois rappeler ici, parce qu'elles marquent, pour Joseph