Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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hommes et méme — je demande pardon, mais ce n’est pas moi, c’est M. de Maistre qui parle — e{ même avec toutes les femmes, ce qui est bien plus difficile.

Il est évident, en effet, que Maistre exagère, et que par conséquent il se trompe, lorsqu'il parle de la science et des inconvénients que la culture scientifique peut avoir chez la femme. Sa grande erreur — et ç’a été l’erreur de tout le dix-huitième siècle, car Maistre, qui à combattu ce siècle avec tant de vigueur, en tenait au fond par plus d’un côté — sa grande erreur est de croire qu’une femme ne peut s'occuper de science sans devenir immédiatement une femme savante, de ne voir dans la femme savante que ce que Molière nous à montré, de ne se la représenter que comme les portraits de l’époque nous représentent madame du Châtelet, par exemple: une belle dame en grande toilette, très décolletée, très poudrée et très fardée, assise à une table de travail sur laquelle on voit des mappemondes, des cornues, des clepsydres, des compas et des sextants. Si Maistre à été si sévère pour la science en j#pons, c'est qu'au fond il n’a guère connu que la science en falbalas et en paniers.

Mais si Maistre, au lieu de ne voir dans la culture scientifique des femmes que ce qu'on y voyait au siècle dernier: une curiosité de l'esprit, un divertissement élégant pour des oisifs et des raffinés, une mode de bon ton et de bel air, ou, pour employer iei un mot étranger qui a reçu tout récemment ses lettres de naturalisation à l'Académie francaise (1),

(!) Par la bouche de M. Jules Lemaitre.