Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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une façon de snobisme mtellectuel ; si Maistre y avait vu ce que nous y voyons tous, ce qu'il est impossible de ne pas y voir aujourd’hui: une conséquence naturelle des conditions nouvelles de notre société, un moyen pour beaucoup de femmes de tenir dignement leur place dans ce monde, de subvenir aux nécessités de l'existence, de remplir certains devoirs de famille, d'élever intelligemment leurs enfants ou les enfants des autres ; je ne doute pas un instant que son jugement ne se fût entièrement modifié. Il est manifeste, en effet, que certaines professions nouvelles, nées des progrès de la science moderne, et que dans quelques pays, en Suisse et aux États-Unis, pour ne citer que ces deux-là, on rêserve habituellement aux femmes, exigent des connaissances scientifiques, qu’wne tèlégraphiste, par exemple, et wne téléphoniste feront bien d’avoir étudié les lois de l'électricité et celles de l’acoustique. Il est manifeste aussi que, sans faire de la science sa vocation spéciale, sans même avoir nul besoin pour cela de fréquenter les universités, une femme, une mère de famille surtout, ne perd rien, bien au contraire, à posséder certaines notions chirurgicales et médicales, que, si elle devient veuve, quelques principes de jurisprudence, quelque connaissance de la comptabilité et des affaires ne lui seront pas inutiles, et que, si elle a des fils, et que ces fils fassent auprès d'elle leurs études, il est juste et salutaire — æquum et salutare — qu’elle puisse s’intéresser, s’associer, pour ainsi dire, à ces études. Certes, le vent de l'opinion souffle aujourd’hui dans ce sens, et il me semble que les femmes ont