Les inconvéniens des droits féodaux

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Dans l’état a@uel des chofes, le domaine né forme plus la centieme partie des befoins & des revenus du gouvernement. Le domaine eft donc elevenu un nom fans réalité, puifqu'il eft également épuifé & infuffifant ; il ne doit donc tenir, dans l'ordre légiflatif & politique , gw’une place égale à fon utilité, qui eft la mefure, la feule exacte des chofes. Les loix ne font pas plus immuables que leur objet. Le domaine eft entiérement changé , il a perdu fon utilité; il n’eft donc plus inaliénable. Il étoit la fauvegarde dés peuples , en les garantifflant des impôts dont il ne peut plus les défendre ; fes droits de directes & de mouvances {ont le fléau des vaffaux ; les principes d’inaliénabilité & d’imprefcriptibilité les défefperent : les vaffaux doivent donc être admis à racheter ces fervirudes. Ta convention fociale , qui avoit uni une dot en fonds à la couronne, tombe d'elle-même à cet égard, parce qu'elle n’eft plus foutenue par le fuffrage & par les vœux des peuples. Le roi eft l'organe & la voix de la fociété ; il peut déclarer le changement du vœu de la fociété , qui tirera un plus grand parti de la dot de la couronne, en en faifant une nouvelle difpofition. L'éditeur du traité du domainé a fenti ces conféquences ; il s’en eft expliqué avec l'élégance & la fagacité qui lui font propres , tome 3, pag. 366 , en note.

« La nature feule fait des loix que la puiffance