Les pamphlets de Marat
OFFRANDE A LA PATRIE 241
que pour rendre à la Nation sa puissance et son lustre, il faut lui rendre sa liberté et la rétablir dans ses droits; il sent combien il importe à un roi, que des ministres ambitieux cherchent à distraire par de vains amusements, et que ; les flatteurs cherchent à corrompre, de ne s’entourer que de Ministres habiles et vertueux; il sent combien il est difficile à un Roi de découvrir par lui-même les hommes de son royaume les plus dignes de sa confiance, et combien il est rare que dans une cour corrompue la vérité approche du trône, qu'elle seule peut fixer son choix, et qu'elle ne se fait entendre que chez un peuple libre; il sent, d'après la fragilité de l'humaine nature, que le Ministre le plus vertueux est encore moins jaloux de la gloire du monarque et du bien de la Nation, que la Nation elle-mème; il sent que le seul moyen de sauver l'État est de charger du soin de son salut les représentants de son peuple, et de commettre à leur contrôle l'emploi des deniers publics; il le sent, et il veut que la Nation jouisse à jamais de ces biens inestimables.
Béni soit le meilleur des Rois! L’espérance renaît dans nos cœurs. Détournons nos yeux de dessus nos pertes, pour les porter sur nos ressources. Non, non, de puissants ennemis ne partageront point nos dépouilles, de cruelles factions ne déchireront point notre sein. Loin de nous la mésintelligence et les dissensions. Que le Sacerdoce et la Noblesse continuent à jouir des distinctions honorables ; mais que tous les Ordres de l’État se rapprochent, que l'intérêt de notre salut commun nous rassemble, que la raison décide de nos prétentions respectives, que la justice éternelle fixe nos droits, et que la qualité de citoyen unisse pour toujours les membres divisés de l'Empire.