Les Préfets du Consulat et de l'Empire

DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE 2925

mes que l’on nommait n'étaient souvent pas plus sûrs que ceux que l'on destituait. Dans le courant du mois de mai, on en était encore à révoquer M. de Chambray, souspréfet d'Alençon, ancien officier amputé, qui avait déclaré que, du seul bras qui lui restait, il tuerait l’empereur; et, le jour même de Waterloo, Carnot recevait encore de tous côtés des lettres où l’on se plaignait que l'administration fût toujours aux mains des agents des Bourbons.

Jusqu'au jour où, dans les plaines de la Belgique, la fortune se détourna définitivement des aigles, on put constater dans les préfectures la même anarchie, la même attente équivoque des événements, la même lenteur voulue des fonctionnaires à rejoindre leurs postes, le même défaut d’empressement à exécuter les ordres reçus, comme si l’on escomptait déjà la défaite et le retour des Bourbons derrière les fourgons étrangers .