Les principes de la Révolution et du socialisme d'après les données de la politique scientifique

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Comme les puissants de la terre

Je me sens un cœur et des yeux; La forêt me dit son mystère,

Les antres me font leurs aveux ! (1)

C’est là le cri de tout homme sain de corps et d'esprit, qui se sent une intelligence pour comprendre, un cœur pour aimer, des sens pour jouir. Arrière ces vendeurs d’austérité et de brouet noir qui, à la suite de l’Evangile,(2) viennent vous précher l'abolition de tout ce qui fait la joie et le bonheur de l’homme. Laissez cette doctrine écœurante aux sectateurs du spiritualiste Platon, du catholique Thomas Morus, aux imitateurs des imbéciles fanatiques de Munster et des couvents de moines et de religieuses, exemples irréfragables de communauté des biens et de renoncement à la famille et à la propriété individuelle! Laissez pour ce qu’elles valent les niaiseries sentimentales de M. Cabet, les rêveries généreuses de Fourier. La provenance de ces doctrines est une nouvelle preuve de leur fausseté, après tant d’autres. Tous ses apôtres sont ou des fanatiques religieux ou des déistes. (3)

(1) Vermersch, Les Partageux.

(2) Év. selon Mathieu, X, 54, Saint-Augustin, De bono conjuge, IX, 9. Voyez aussi dans les Actes des Apôtres, l’histoire édifiante d’'Ananias et de Saphira.

(3) Le nom de Diderot a été mêlé à cette cohue par suite de la plus ridicule des méprises; tout simplemert parce qu'on trouve inséré dans l'édition de ses œuvres datée d'Amsterdam en 1772, le Code de la nature du déiste Morelly. De même pour le Babouvisme, qui n’est nullement un mouvement athée, comme quelques-uns se l’imaginent. Le vieux Buonarrotti, à propos des solennités religieuses célébrées dans la Société du Panthéon, dit en propres termes : “ Que la croyance “ en Dieu, fondée sur des arguments irréfutables, pouvait deveuir un “ levier puissant pour l'établissement des institutions démocratiques.” Voyez son Histoire de la conspiration de Babeuf. Je ne sais pourquoi ce passage est supprimé dans l'édition donnée par A. Ranc.