Les Révolution

164 LES RÉVOLUTIONS.

les rudoie dans sa colère et croit devoir les flageller d’un vers injurieux (1); Tacite luimême, malgré sa haute raison, ne voit en eux que des agitateurs de la plèbe (2). La calomnie ne cesse pas de s’acharner sur leur mémoire, elle les poursuit sans relâche à travers les siècles, et c’est seulement de nos jours que l'histoire, plus juste et plus’clairvoyante, s’est réconciliée avec ces deux nobles figures.

On ferait un bien gros recueil avec les injures qu'on a débitées dans tous les temps contre les hommes généreux qui, voulant briser quelque anneau de la chaîne des peuples, ont succombé dans leur tentative. Que de cris, que de malédictions s’élèvent de toutes parts! Chose étrange! on trouve plus d'une fois parmi les insulteurs des écrivains illustres, comme s'ils voulaient enlever aux

(1) Quis tulerit Gracchos de seditione querentes? (Juvénal, Sat, IT.)

(2) Gracchi et Saturnini turbatores plebis. (Ann., Lib. V, 3)