Les Révolution
13 LES RÉVOLUTIONS.
Ce qui rend difficile le succès des réformes, comme celui des révolutions, dans nos grands États modernes, c’est qu'il y a partout deux peuples qui n’ont rien de commun : celui des villes et celui des campagnes. On dirait que des siècles les séparent l’un de l’autre. Le premier semble toujours prêt à suivre : il n'attend que le signal. Le second, replié sur lui-même, paraît tenir à la terre qu’il cultive, et il faut, pour ainsi dire, l’en arracher, quand on veut le pousser en avant.
Une mesure révolutionnaire change de portée suivant la main qui l’applique. Elle pouvait, quand elle a été proposée, servir utilement la cause du peuple, parce qu’elle était inspirée par un sentiment généreux. Maintenant, elle risque d’être nuisible, elle peut même perdre la république, parce qu’elle n’est plus qu’un moyen d'influence pour quelque affamé de pouvoir et de dictature. Quoi de plus juste et de plus sage que l'idée de donner au peuple romain une partie des terres qu'il avait conquises et de l’arracher ainsi aux douleurs du prolétariat? C'était préparer