Les Révolution

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Parmi les avantages dont on ne peut se passer, quand on aspire à diriger les multitudes, il faut citer avant tout le talent oratoire. Voilà pourquoi les anciens, qui vivaient sur la place publique, et chez qui le pouvoir semblait livré à d’éternels orages, accordèrent toujours tant d'estime à l’éloquence. C'était pour eux un instrument nécessaire du gouvernement et comme un organe essentiel de la vie politique. Le même besoin existe à différents degrés dans toutes les démocraties; elles demandent surtout, même de nos jours, à être gouvernées par la parole.

L’éloquence seule, malgré sa puissance, ne suffit pas au tribun qui est appelé à haranguer les foules dans les émotions populaires : il faut qu’il y joigne des dons physiques, tels que le port, la voix et surtout le geste, qui achève et prolonge la parole, au moment où elle tombe des lèvres de l’orateur. La taille même, une certaine taille lui est plus ou moins nécessaire. Démosthènes et Cicéron auraient paru moins éloquents aux peuples d'Athènes et de Rome, si leur stature, {rop inégale, les avait cachés à l'assemblée, et s’il