Les serviteurs de la démocratie

212 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATE

thies des cléricaux et des royalistes de l’Assemblée nationale. Ce républicain convaincu ne comprenait pas — chose étrange — que sous la République on appelât la Révolution de Février une catastrophe. li necomprenait pas qu'un ministre du gouvernement établi et consacré par les acclamations du suffrage universel, ce ministre füt-il M. Rouher, insultât la Révolution qui l'avait tiré du néant et lui avait procuré honneurs et profits.

Mais l’indignation est souvent importune; elle est presque toujours inopportune dans les assemblées délibérantes. Aussi les journaux prétendus conservateurs accablèrent-ils de leurs plus violentes épithètes, non le ministre prévaricateur, mais le républicain interrupteur. De leur côté, quelques feuilles républicaines reprochèrent à Baudin d'être un indiscipliné, un homme de premier mouvement ne sachant pas assez se contenir !

.Indiscipliné, tel fut en cffet Baudin pendant toute sa vie, tel il fut encore à l'heure du sacrifice suprême, à l'heure de la mort. C'était un de ces cœurs vaillants qui vont où la vérité les mène, où l'inspiration du devoir les appelle et qui pour être héros où martyr ne réclament l’autorisation d'aucun groupe parlementaire.

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Né à Nantua, dans le département de l'Ain, en 1811, il avait reçu de son père, vieux républicain, médecin de campagne dévoué à ses humbles fonctions, des leçons de patriotisme et d’abnégation civique. Après la Révolution de 1830, le jeune Baudin prit du service dans l’armée en qualité de chirurgien militaire. Envoyé en Algérie, il se lia ayec Cavaignac et Charras.