Les serviteurs de la démocratie

292 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

le chemin de l'exil. Perdant la France, il songea à la Grèce, et c'est vers elle, accompagné de sa fille, nouvelle Antigone, — qu'il dirigea ses pas chancelants, Malgré le dévouement affectueux qui ne cessa de veiller sur lui, la maladie fut la plus forte, et le noble exilé dut interrompre son voyage. Il languit pendant quelques mois dans la solitude des hôtelleries étrangères. Béranger, averti de la triste situation de son vieil ami, et pensant que l’air natal lui était nécessaire, sollicita et obtint pour l'artiste proscrit un permis de rentrer en France. David, vaincu par ses instances ef la tendresse inquiète de sa famille, se laissa ramener, pour y mourir, dans sa patrie. Il s’éteignit à Angers en 1856, plein de confiance en la démocratie et en son avenir.

Cet homme illustre né avec la Révolution, proclama devant ses enfants à son lit de mort que la liberté était éternelle et qu’elle aurait le dernier mot dans les luttes de la politique. Le peuple lui fit d'imposantes funérailles. Aujourd’hui, sous la République, on Jui élève une statue. Autour de sa gloire et le saluant comme un maitre s’est rangée toute celte jeune et brillante école de statuaires contemporains qui fait tant d'honneur à la France. L’auteur du Gloria wictis, Mercié; l’auteur de Vercingétorix, Aimé Millet, lauteur couronné de la Défense de Paris, Barrias, avec leurs plus célèbres camarades, Dubois, Dalou, Chapu, Hiolle et tant d’autres que nous ne pouvons nommer, se plaisent à reconnaître dans David l’un des grands hommes de l’art national. Il a mérité cet honneur, le statuaire dont on a pu dire sans exagération, qu'il était le Michel Ange de la France républicaine.