Les serviteurs de la démocratie

DAVID D'ANGERS 291

avaient établi le suffrage universel et qui étaient descendus tous du pouvoir aussi pauvres qu'Aristide le Juste. Les collègues du grand sculpteur avaient sans doute épuisé tout leur zèle républicain en criant dixsept fois : Vive la République ! le jour de la première séance de l'Assemblée nationale, car ils ne prirent pas même en considération la proposition qui leur était faite. David, sans se décourager, demanda également qu'on élevât un monument sur les buttes Montmartre en l'honneur du peuple français. Cette nouvelle proposition fut tournée en ridicule par les journaux réactionnaires. Elle a été cependant reprise, mais avec des modifications, par les gens de l’ordre moral. Seulement ce n’est plus au peuple que le monument à été élevé, c'est au sacré-cœur ! Le monument national proposé par David d'Angers aurait duré autant que la Démocratie ; celui qui a été érigé à la superstition chancelle déjà sur sa base, bien qu’il soit encore inachevé,

David fit avec ie même insuccès une troisième proposition fort ingénieuse pourtant. Il voulait qu'on remplacät sur les pièces de monnaie l’image des rois etles figures de convention qui s'y trouvent par le portrait des hommes qui ont utilement servi leur pays. Les États-Unis, sur leurs monnaies, ont Washington. Nous w’avons malheureusement pas Washington, mais nous pourrions mettre sur les nôtres Molière, Voltaire, Buffon, D’Alembert, Mirabeau.

IV

Au 2 décembre 1851, David d'Angers eut l'honneur d’être compris sur les listes de proscription. Vieux et malade, cet artiste, chargé de gloire; dut prendre