Les serviteurs de la démocratie

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avait percé à jour les sophismes de la philosophie éclectique et il savait à quoi s’en tenir sur la vanité sceptique et l’égoïsme de son fondateur. Un jour Barni racontait cette anecdote : — « J'avais trouvé sous les galeries de l’Odéon une biographie fort malYeillante sur Cousin. Par bonté d'âme, j'achetai cette biographie et la portai au philosophe dont j'étais le secrétaire. — Voilà, lui dis-je, un écrit où vous êtes singulièrement malmené. Cousin prit la brochure, la regarda avec une distraction affectée et la jeta dédaigneusement sur son bureau. « Je ne m'occupe jamais de » ces sortes d’infamies et vous avez eu tort d'y prendre » garde. » Puis il me pria de revoir avec lui certains travaux qu'il préparait. Lorsque je le quittai il était tard; j’emportai sans qu'il s’en aperçüt le pamphlet qu'il avait regardé avec tant de mépris. J'étais rentré chez moi depuis une heure, quand j'entends frapper à ma porte; j'ouvre et je me trouve en présence du domestique de Victor Cousin, qui me tient ce langage : — « Je viens vous demander la brochure dont vous « avez parlé à monsieur et qu’il n'a pas retrouÿée sur » son bureau. » à

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De 1848 à 1851, Barni professa la philosophie dans un des grands lycées de Paris et collabora avec Amédée Jacques, Despois et autres universitaires à la Ziberté de penser, où M. Renan fit ses débuts littéraires en attaquant le catholicisme avec une extrême vigueur. Lorsque le coup d’État du Deux-Décembre se produisit, Barni fut au nombre de ceux qui prirent ouvertement * parti pour la République contre le violateur des lois. EN] se plaçait ainsi dans la phalange des vaillants