Les serviteurs de la démocratie

302 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE Suisse cetle liberté sans laquelle il n’y à pas d’enseignement sérieux. Barni, pendant ces années d’exil, se montra un travailleur infatigable. Il fit paraître successivement : les Martyrsde la libre pensée, où se trouve un admirable chapitre contre l'intolérance protestante à propos du supplice de Michel Servet; en 1863, Barni donna au public un volume intitulé : Napoléon et son historien M. Thiers, petit livre d’une profonde sagacité où sont notées toutes les fautes, toutes les misères et tous les crimes du premier empire. De 1863 à 1872, notre ami livra encore à à l'impression les trois volumes qui composent son Histoire des idées morales et politiques au xvin® siècle; les cinq derniers volumes de sa traduction de Kant, et un admirable ouvrage qui devrait être un des livres classiques de nos collèges et de nos écoles : la Morale dans la démocratie.

III

Les idées politiques de Barni le rangent parmi ies républicains progressistes. Rien n’était plus opposéà sa ferme et nette intelligence que l'esprit d’utopie et -de chimère ; il croyait qu'il n’y a pas de baguette de fée capable de faire disparaître instantanément tous les maux de la société; mais il voulait qu’on se gardât comme d'un fléau de la manie de la satisfaction égoïste, de ce vice qui fait qu'on regarde ce monde comme le meilleur des mondes possibles lorsqu'on y a obtenu des satisfactions personnelles. Pour que la République fût digne de son nom, Barni voulait que chaque -jour la République réalist un effort vers le bien et accomplit un progrès démocratique. Il était grand -partisan de l'initiative individuelle, c’est d’elle surtout