Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

hop

par un débouché une partie du champ de Mars qui m'a frappé par sa ressemblance avec notre plaine de Plain-Palais! . Après environ dix minutes de repos, on a commencé à nous faire exécuter les marches, contre marches, les attaques, les retraites, les feux de toute espèce, on avait choisi l'endroit le plus inégal du champ de Mars, malgré cela nous nous sommes assez bien aquittés de notre besogne quoique ce fût la première fois qu'on nous faisait manœuvrer en grande tenue, le havre-sac sur le dos, nous ne l’avions encore endossé que pour nos promenades.

Les maisons du pont Saint-Michel sont entièrement démolies, et l'on travaille beaucoup pour mettre à bas celles qui les avoisinaient, pour faire des quais tout le long de la Seine ; la ville s'embellit chaque jour, plusieurs monumens sont achevés, on travaille encore à d’autres, on commence à creuser des fondemens à la place du Carouzel, on prétend que se sont ceux d'une gallerie parallèle à celle du Louvre.

Je ne me suis pas encore accoutumé au ton criard des marchandes de fruits et de poisson, cependant je ne manque jamais de passer devant elles toutes les fois que je sors, elles remplissent la place Maubert ; chaque jour j'entends quelque nouveau cri ; aujourd'hui des petits garçons criaient à tue tête des zanetons, des zanetons pour un iard et j'ai été tout étonné de voir un de ces malheureux hannetons faire l'amusement d'un marchand-épicier.

Je suis chargé par la famille Desvigne de te faire beaucoup d'amitiés.

Il est arrivé depuis quelques tems plusieurs Genevois 5 ils se plaignent beaucoup de ce qu'on n'a pas d'ouvrage à Genève, j'espère que mon Oncle n’est pas dans ce cas, son talent lui assure de l'ouvrage dans toutes les circonstances.

J'ai appris que le charmant Bonnet ?, votre voisin, a pris

1. La Plaine de Plainpalais, aujourd’hui presque au centre de l’aglomération urbaine genevoise, était alors hors des fortifications de la ville et servait de champ d’exercice aux troupes et de promenade publique.

2. Nous ignorons de qui il s’agit.