Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

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Pour le concert, ils se sont réunis douze excellens musiciens, chacun dans sa partie ; ils mettent chacun une certaine somme pour se procurer de la musique et les gros instrumens ainsi que les accessoires, comme les chandelles etc. Je vais ordinairement passer une demie heure à ce concert, tandis que je n'ai été qu’une seule fois au fameux théatre qui prend sans ostentation le nom de théatre français.

C'est là que toutes les ressources du génie se sont développées pour les costumes et l’arrangement de la salle qui, pendant le jour, doit être comme les autres chambres à coucher, et qui, le soir, doit se transformer promptement en salle de spectacle. Les rideaux des lits, artistement arrangés, forment une toile d'autant plus agréable à l'œil qu’une ennuieuse monotonie ne s'y remarque pas, mais qu'une charmante bigarure de bleu et de blanc vous frappe au premier coup d'œil ; un nombre suffisant de sièges recoivent un nombre limité de spectateurs, car quiconque oserait se présenter sans billet, serait honteusement mis à la porte par la sentinelle et par le receveur des billets.

Un orchestre placé entre deux lits, fait prendre patience jusqu'au moment où la toile se lève. C’est alors que le plus grand silence règne jusqu’à ce qu’il... soit troublé par les applaudissemens des spectateurs ou parle sifflet du journaliste que les auteurs des pièces sont loin de ménager à cause de la critique quelquefois trop sévère qu'il fait après chaque représentation et sur la pièce et sur les acteurs. Il y a d’excellens acteurs, très bien costumés : casques, cuirasses, cimeterres, rien n'est négligé de la part du grand costumier et du décorateur en chef et je t'assure que quoique à deux pas des acteurs, on a beaucoup de peine à les reconnaître et l'on est surpris de la perfection de leurs costumes : un jeune homme entr'autres s'il eût un peu mieux déguisé sa voix, aurait été pris par tout autre que par nous, pour une jeune et jolie demoiselle vêtue à la grecque. Je ne sais où diable ils ont pêché tout ce qu'ils ont mis sur le corps de cet élève, mais sa tête coëffée à la grecque était ornée d'un