Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANCAIÉSE. 29 n'étoït pas ainfi que parloit Alexandre après fa vi@oire d’Arbellies; dans leurs herangues énergiques, les Romains ne parloïent qu'avec ménagement à leurs ennemis, Un héros, même au fein de la vittoire, ne doït s'expliquer qu'avec dignité, il doit éviter les fanfaronades desho= nosantes ; c’eft toujours une folie d’infulter une Nation ;
’eft une démence de l’infuiter avant de l’avoir vaincue; c'eft une baffeffe de l’infulter après.
Celui qui vous parle ainfi, monfeigneur, a plus de cinquante ans; il ef fans pañlion, fans partialité ; il a fait la guerre fanglante de fept ans ; il connoît l’art militaire ; il connoît les hommes; il a vu, ila obfervé, il connoît par faitement tout ce dont i! vous entretient. Il affirme à votre alreffe féréniffime , comme une vérité de la plus haute importance pour fa gloire, que la caufe qu’elle veut défendre, eft exceffivement mauvaife; qu’elle ne l’a embraffés que par erreur ; que fes fpéculations hofliles ne font fondées que fur des menfonges, des abfurdités, des injuflices, fur les idées.les plus faufles du caraëtère de la Nation Françaife , de fes hommes, de fes femmes , de fes jeunes gens, de fes vieillards!, quitous, méprifent les bleffures 6 la mort.
Défillez vos yeux, monfeigneur , & défillez ceux des defpotes que vous fervez. C'eft le génie tutélaire des Nations qui conduit la révolution qu’on vient d’achever à Paris; ce génie de la juftice ne veut pas que des peuples entiers foient impunément opprimés par une poignée de tyrans; il veut venger les crimes des grands ; il veut effrayer, par un grand exemple, ceux qui feroient tentés à l'avenir de fuivre leurs traces.
Pour toute forte d'intérêts publics, & fur - tour pour les vôtres, monfeigneur, ne dédaïgnez pas mes