Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
FRANÇAISE 47 Promptement Vos troupes, renvoyez celles de l’Aus triche & toutes troupes étrangères : annoncez authentiquement votre parfaite neutralité dans les affaires de France, & que vous reconnoïflez la fouverainct£ de cette nation & fon nouveau gouvernement. Pour peu que vous différiez, fire, de fuivre ces confeils , votre perte eft inévitable, & votre chûre fera plus afireufe que celle de Louis XVI. En voici les raifons:
On connoïfloit en France l’infouciance , l'ignorance & l'incapacité de Louis XVI pour le gouvernement; on n’attendoit rien de bon de fa part; vos fujets, au contraire, efpéroïent des prodiges de votre règne.
Louis XVI m’avoit que de mauvais exemples dans la conduite de fes prédécefleurs ; & vous en aviez de bons à fuivre dans le gouvernement de vos ancêtres.
Louis XVI pouvoit rejetter fur fes prédécefleurs une partie des maux dont la mafle a produit le défelpoir de fa nation, fa jufte infurre@ion & fa révolution; vous feul, fire, avez ruiné vos peuples par vos pro fufions.
Louis XVI pouvoit rejetter fur fa méchante époufe une partie de fes crimes ; vous feul êtes coupables.
Louis XVI avoit pour juger fa conduite une nation naturellement douce , indulgente , lorfqu’on ne la poufle point à bout, une nation généreufe , aimable, éclairée; & vous, fire, par qui ferez-vous jugé? Par votre exécrable populace du Piémont.
En traverfant Paris pour fe rendre avec fa famille au Temple, qui lui fert de prifon, en attendant le dénouement de fa cataftrophe, Louis XVI a été couvert, ainfi que fa femme, des imprécations d’un peuple immenfe ; & vous, fire, vous ferez traîné dans les