Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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on ne viole impunément. Calculez donc, fire, cé di ce cinquième doit produire, & réduifez la dépenfe de votre gouvernement à ce revenu; il doit fufire, lorf: que toutes vos dettes feront payées, & que tous les établiflemens ci-deflus indiqués aurônt été faits avec le produit de la vente des biens eccléfiaftiques.

S'il n’y a pas un de ces confeils qui ne foit capable de vous faire évanouir, fire, abandonnez donc un pofte où vous ne pouvez pas faire le bien, où vous avez fait tant de mal, & dans lequel votre tête ef expofée,

Le prince de Piémont, quoique mal entouré & vicié auffi de fuperftition , eft dans l’âge encore de fecouei des préjugés aufli abfurdes; les réflexions pleines dé fens qui lui font échappées en différentes occafons ; donnent lieu de croire qu'il eft fufceptible de bons confeils; & d’ailleurs il a fous les yeux des exemples fi inftructifs, fi effrayans pour le defpotifme, que Jaime à me perfüader qu’il ne prendroit en main les rênes du gouvernement, qu’en fe déterminant à toutes les réformes que je viens d'indiquer; mais pourroït-il , fans danger pour fa perfonne , fe charger de leur exécution? Le véritable fouverain, la nation feule peut, fans rifque , ordonner & exécuter elle: même de fi importantes & de fi néceflaires opéras tions, @ c’eft votre confeil de famille qui doit opérer lui-même cette révolution : s’il s'y refufe, elle fe fera d’elle-même ; elle fera fanglante , elle vous écrafera tous.

De toutes les opérations, la première & la plus urgente eft d'empêcher les Françaïs de porter chez vous la loï de a raïfon armée pour la Liberté. Retirez