Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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1808) fut considérée par Napoléon comme une faute impardonnable que les exploits de sa vie passée ne pouvaient racheter. Il fut arrêté, et seulement près de quatre ans après, un décret en date du 1e" mars 1812, rendu sur les conclusions d’une commission spéciale qui, à l’unanimité, le reconnut coupable sur tous les chefs d’accusation, le dépouilla de son grade, de son titre de comte, de ses dotations et de sa dignité de: grand-cordon de la Légion d'honneur, et le condamna à une détention indéfinie. (LaLaxxE, Diclionnaire historique de la France.)

Si la prise de Cordoue n'avait pas été fort gloricuse, elle avait été fort lucrative. A la faveur de quelques coups de fusil reçus et du pillage affreux qui avait eu lieu, tous les vases sacrés des églises avaient trouvé place dans les fourgons du général en chef. Outre cela des sommes énormes, dont une de huit cent mille francs, une autre de treize à quinze cent mille franes avaient été découvertes et portées chez le chef de l'état-major par ordre du général Dupont, et la masse d’or et d’argent était telle qu'en employant lors du retour du général Dupont à Andujar presque tout ce qu'on avait de transports, en laissant à Cordoue les cuirs et les draps qui, en gratifications, avaient été distribués aux soldats, et, détail horrible à consigner, en abandonnant malades et blessés qui jamais ne devaient revoir leur patrie (puisqu'il était notoire que l’on massacrait partout nos soldats), on fut encore contraint de déposer chez le corrégidor et sur sa responsabilité, 40,000 francs, faits révélés par la voix publique, confirmés par le marquis de Londonderry, qui dit : « Il fut heureux pour Reding que Dupont eût songé à prendre tant de soin pour conserver le fruit de ses pillages », par Foy, qui, fidèle à son extrême réserve, se borne à ces mots : « Mais Dupont avait, avec les troupes, un grand nombre de voitures (impedimenta) », et lui-même il les porte à plus de cinq cents. Et ces mêmes faits me sont confirmés, je ne dirai pas seulement par le général Vedel, mais par de nombreux témoins, par des notes du général Chabert, enfin par l’affreuse lettre du gouverneur de Cadix au général