Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs
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Un corporeau à ses voisins conta Qu'il avait eu contre un reistre querelle, Et toutefois qu’à grands coups de bouteille Il l’avait fait venir à la raison, Viragon, vignette sur vignon.
prouve bien qu’il y a longtemps que le vin exerce une certaine influence dans l’armée française. On y aime le vin de France :
« Nous nous dirigeñmes (1) vers la belle ville de Nancy, et de Nancy à Epernay. On détacha le premier bataillon au bourg d’Ay... Le soir, après diner, le vin mousseux arrive, et les propriétaires furent obligés de mener leurs soldats coucher, en les conduisant par dessous les bras; ils n'avaient plus de jambes. Le lendemain... nos ivrognes tombaient dans les fossés; c'était un désordre; il fallut trois heures de repos dans la plaine, à deux lieues d'Epernay, pour donner le temps de rejoindre, et les propriétaires d’Ay furent obligés de ramasser et de ramener nos trainards. Nous ne fûmes réunis que le lendemain, mais personne ne fut puni. »
CAPITAINE CoiGxer (Cahiers du), p. 178. On y aime le vin d'Espagne :
« Depuis notre entrée en Espagne, chacun s'était procuré une petite outre contenant deux ou trois bouteilles qu’il ne quittait pas plus que son sabre. »
GÉNÉRAL DE NAvLiEs, Mémoires, p. 131, note.
« Semblables à de vieux tonneaux, nos soldats étaient tellement avinés qu’ils ne se grisaient plus. »
GÉNÉRAL DE NAYLIES. Mémoires, p. 72. On y aime les vins d'Autriche :
« La Moravie est riche en vins (2): d'immenses caves renferment toujours la récolte de plusieurs années. Celles de
(x) 1806. (2) 1800.