Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Ce qu’il y a de certain, c’est que les armées de la Révolution et de l’Empire ne manquaient pas d’or, loin de là :

« J'étais logé à l'Hôtel du Sauvage, à Bäle, lorsque des soldats de l’armée de Moreau, en retraite, y arrivèrent cousus d’or, mais les pieds nus, enveloppés de guenilles, tout en faisant des repas où le vin de Champagne et la bonne chère contrastaient avec le délabrement de leur équipage. »

Faucxe-BoreL. Mémoires, t. II, p. 60.

« La cavalerie des mamelucks a montré une grande bravoure : ils défendaient leurs fortunes, et il n’y a pas un d’eux sur lequel nos soldats n’aient trouvé 3, 4 et 500 louis d’or. »

Rapport de Bonaparte au Direcloire. GÉNÉRAL BOURRIENNE. Mémoires, t, Il, p. 358,

« À Malo-Jaroslavetz.. notre camp ne ressemblait plus à une armée, mais bien à une grande foire où les militaires, métamorphosés en marchands, vendaient, à vil prix, les choses les plus précieuses ; quoique campés dans les champs, exposés aux injures de l’air, par un contraste singulier, ils mangeaient dans des assiettes de porcelaine, buvaient dans des vases d’argent, et possédaient tout ce que le luxe avait imaginé de plus riche et de plus élégant pour les commodités de la vie. »

COMMANDANT LaBAUME. Campagne de Russie, p. 228.

« À Kœnigsberg, on s’empressa de vendre les pierreries et autres objets précieux que l’on avait rapportés de Moscou, et la valeur en était si considérable, que tout l’or de la ville fut bientôt enlevé, quoique les habitants profitassent de tous les moyens pour abuser de notre situation. »

DE FEzENsaAc. Journal, p. 168.

Voyons donc comment les soldats français se procuraient cet or et ces richesses!

« En 1794... Beaucoup de soldats, sous prétexte d’aller chercher des vivres, prenaient du butin et autres effets; d’autres déshonoraient l’armée française par tous les crimes possibles. Petit à petit ils se familiarisaient avec le vol...