Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs
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tant. Il faut le dire : ce n'étaient pas les officiers subalternes, ni les soldats qui se livraïent à ces désordres, c’étaient les officiers supérieurs... Les soldats et les officiers subalternes étaient dans le plus horrible dénûment... Le Directoire rappela Masséna ».
Tiers. Révolulion Française, t. IX, p. 387.
« Les dépôts du Mont-de-Piété de Vérone et les marchandises saisies furent délivrés à un fournisseur qui les vendit sur place.
« Délivrés » n’est peut-être pas le mot. Il existait au Mont-de-Piété pour 50 millions de lires de marchandises, et notamment une quantité considérable d’argenterie. Le général Kilmaine institua une commission à qui il fit confier les cleis de l’établissement, en attendant que Bonaparte eût pris une décision sur le sort des dépôts qu’il renfermait. Aussitôt, administrateurs et officiers d’enfoncer les portes et de faire main basse sur les objets les plus précieux. »
TroLaro. De Montenotie au Pont d’Arcole, p. 381.
Constatons en passant que les semelles de carton sont bien antérieures à 1870 et que les fournisseurs n'étaient pas d’une probité plus exemplaire que celle des officiers.
En 1792, à Lyon, à Strasbourg, etc., on vit des faits déplorables. On constata les tarifs honteux par lesquels les soumissionnaires des marchés, non surveillés ou d’accord avec les agents du ministère, s’enrichissaient aux dépens de la vie des soldats.
« On trouva des quantités considérables de chemises faites en toile d'emballage, des lots nombreux de chapeaux, et des bas, considérés comme neufs, n'étant même pas en état d’être distribués; des milliers de pièces de drap avaient été reçues sans aunage, et la largeur qu’elles devaient avoir n'avait même pas été indiquée dans les traités d’achat.
« Quant aux souliers, bien que le prix raisonnable fut de sept livres dix sols, on avait soldé des commandes importantes au taux de douze livres; pour les uns, les semelles comportaient plus de carton que de cuir; d’autres étaient collés au lieu d’être cousus, et l’eau en désagrégeait les parties. À l’armée du Nord, après une distribution considérable, les chaussures n'avaient pas résisté à six heures de marche.