Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822
LA CRISE EUROPÉENNE ET L'EMPEREUR ALEXANDRE. 447
comme à celle de l'Europe. La santé chancelante de Louis XVIIL faisait craindre lé prochain avénement de son frère, que les cours alliées s’accordaient à considérer comme devant donner en quelque sorte le signal d’une révolution. Le prince de Metternich était d'avis que des instructions délibérées en commun fussent envoyées, pour cette hypothèse, aux représentans des quatre cours à Paris. On parlait enfin d'établir sur un point central une conférence où les cabinets se seraient fait part réciproquement de leurs informations et de leurs idées par rapport à l’état de la France. Lord Castlereagh combattit fortement ces propositions dans une lettre ostensible qu'il écrivit à lord Stewart le 14 janvier 1820. Il y écartait d’abord, comme n’offrant aucun avantage, le projet d’une conférence permanente relative aux affaires de France, et arrivant ensuite à l’idée d'arrêter dès ce moment des instructions pour le cas de la mort de Louis XVII, il disait :
« Vous ferez connaître au prince de Metternich que la réflexion n’a servi qu'à confirmer le ministère du prince régent dans l’opinion que toute démarche officielle à ce sujet, et à l’époque actuelle surtout, ne pourrait être qu’imprudente et préjudiciable aux intérêts de l'héritier du trône de France. Le ministère de l’empereur d'Autriche ne peut ignorer que le gouvernement britannique, malgré la sincérité de ses vœux et de ses sentimens en faveur de ces intérêts, ne saurait cependant se permettre de contracter à priori l'engagement de suivre une ligne de conduite déterminée pour le cas déplorable où l’ordre de succession légitime viendrait à être renversé en France. D'ailleurs, en continuant à délibérer sur cette question pour le but insignifiant que peut faire atteindre l’envoi des instructions éventuelles, le ministère du prince régent s'expose à se voir forcé de donner des éclaircissemens qui, en fournissant des armes à la publicité, ne peuvent que compromettre la cause que nous sommes tous également désireux de favoriser. Le prince de Metternich saura, j'en suis convaincu, apprécier ces considérations; … nous avons donc lieu d’espérer que le retour de ce courrier nous apportera de votre part, milord, l'assurance de ne plus nous voir appelés à revenir sur une discussion dans laquelle, par suite de la nature même de notre gouvernement, nous n'avons pu nous plier aux vues de nos alliés. Il faut que, pour conserver intacts entre nos mains les moyens de délibérer et d’agir avec succès au moment de la crise, si elle venait malheureusement à éclater. nos alliés nous laissent persister dans l'attitude que nous avons prise et qui nous permettra d’apprécier et de juger ces événemens avec pleine liberté, non plus comme ayant trait uniquement à l’ordre de succession établi en France (dont nos traités ne parlent pas), mais comme un objet d’un intérêt général pour la politique européenne. Sous ce rapport, sa véritable importance ne saurait être sentie d'avance, car elle ne peut se déterminer que par les circonstances qui auront accompagné ces événemens funestes. »
Après avoir justifié de la sorte le refus du cabinet de Londres de