Louis XVI et la Révolution

YI PRÉFACE.

nement monarchique, nous nous sommes attaché à n’en saisir l’aveu que chez un royaliste. Nous avons tâché de donner le moins d'importance possible dans notre esprit, et le moins de place possible dans notre livre aux auteurs de Mémoires qui, venus après beaucoup d’autres, n’ont évidemment qu’un désir : réfuter les assertions de leurs prédécesseurs. On n’a plus alors à peser des dépositions de témoins, mais des plaidoiries d'avocats. Quelques-uns parlent visiblement pro domo sua. C'est ce qui est arrivé à l’auteur des Mémoires le plus souvent cités : M® Campan.

1l est inutile de passer en revue tous les Mémoires qui ont été consultés pour cette étude : leur valeur historique est assez connue. Pour les livres de seconde main, les emprunts ont été bornés le plus possible aux travaux récents, composés sur des documents rares, sur des pièces d'archives. Du reste, les nombreuses citations faites dans ce travail n’ont pas été purement et simplement copiées dans les notes des ouvrages même les plus sérieux : elles ont été prises directement dans les textes. C’est une question d’honnêteté et de prudence. Pour n’en donner qu’une preuve, M. Jobez cite dans sa France sous Louis XVI, au tome II de l'édition de 1877, page 442, un mot très curieux de Marmontel : celui-ci, observant à Versailles la joie des courtisans au renvoi de Turgot, s’assombrit; à quelqu'un qui lui demande sur quoi il médite, il répond, en élevant la voix : « Je me représente, d'après tout ce que je vois ici, l’image d’une troupe de brigands rassemblés dans la forêt de Bondy, à qui l’on vient d'annoncer que le grand prévôt est renvoyé. » Ce témoignage serait capital, venant de l'historiographe de France, qui n'avait certes pas à se plaindre de l'ancien régime, et qui, au témoignage