Louis XVI et la Révolution

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258 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

ne le savent pas très bien. Au début, ils paraissent vouloir raconter les actes des apôtres de la liberté, des constituants, et disent ironiquement : « Nous comptions, en commençant nos actes, diriger tour à tour sur chacun de nos apôtres l’artillerie de nos louanges. » Puis ils finissent par trouver la qualification bonne pour eux-mêmes, et demandent qu'on rende « aux quarante-cinq auteurs des Actes des Apôtres la justice que méritent les principes les plus sains, amalgamés au délire du caractère national. Signé : Vos frères, les quarante-cinq apôtres de la liberté et de la joie. » Le premier apôtre est sans contredit Bergasse. C’est lui qui est chargé de la partie sérieuse, de la politique qui n’est pas de la polémique. De temps en temps, on trouve dans cette collection tout un numéro écrit et pensé sérieusement. Pour donner une idée approximative de la proportion des numéros sérieux, on en peut compter une vingtaine, sur les cent cinquante premiers parus. On rencontre même une fois dans le journal un projet de constitution. Il semble que la ligne politique des Actes soit, avec quelques incohérences, celle de Lally, de Mounier et de Malouet.

Au fond, les apôtres, malgré tout le dévergondage de leur forme, ne prétendent à rien moins qu'à rétablir une monarchie viable.

Ils font ainsi leur propre apologie : « Si l’infortuné Charles avait eu auprès de sa personne une réunion d’apôtres de la vérité, assez éclairés, assez énergiques pour établir les grandes bases d'un gouvernement monarchique, et assez courageux pour essayer de brider la férocité d’un peuple révolté, en le faisant sourire au tableau des vices, des prétentions et des ridicules de ses représentants, il aurait prolongé sa triste carrière. »

Pour réaliser ce plan, ils ne demandent qu'une chose, la liberté de la presse, dont ils usent et abusent à cœur joie.