Louis XVI et la Révolution

L'AGITATION A PARIS. 257

monarchistes. Ils remplissent la salle, font un succès à chaque morceau royaliste, étouffent les protestations, puis vont criant que l’opinion publique revient à eux. Le lendemain les jacobins arrivent en masse à la même pièce, imposent à leur tour silence aux contradicteurs, soulignent toutes les tirades révolutionnaires et sifflent les autres. C’est ainsi que par un zèle maladroit, de l’aveu même de Ferrières, les aristocrates compromettent Louis XVI, en excitant contre sa personne même des haines plus vives que leurs dévouements : « L’expé- ; rience aurait dû les corriger; mais ils étaient incorrigibles. 5 Rien ne pouvait les désabuser de leurs chimères. » Ce qui le prouve mieux que tout le reste, c'est la lecture de leurs journaux.

$ A. — Les AcTes DES APOTRES‘.

La revue générale des journaux pendant la Révolution a été faite par M. Hatin. Ce qui semble le plus curieux dans son étude, c’est cette remarque justifiée par plus d’une citation : « Les premiers journaux écrits dans le style du père Duchesne furent des journaux royalistes. » Si la presse révolutionnaire est allée souvent trop loin dans la forme et dans le fond, il ne faut pas oublier qu’elle a été provoquée à ce double excès par la presse royaliste. Le meilleur argument à l'appui de cette thèse, c’est la lecture des Actes des Apôtres, cette œuvre qui à paru à un critique suffisamment impartial, M. du Bled, le journal type de la contre-révolution.

Une partie de la réputation de ce journal est due à son titre énigmatique. Que veut-il dire? Les rédacteurs eux-mêmes

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1. Les sources spéciales pour ce paragraphe sont : Les Actes des Apôtres. Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse française, t. IV-VIT; La Liberté de penser, t. I, n° 15, article de Despois sur Rivarol el les Actes des Apôtres ; Causeurs de la Révolution, par M. V. du Bled.

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