Louis XVI et la Révolution

266 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

des Apôtres sont les premiers, ne l’oublions pas, qui aient menacé leurs ennemis politiques du dernier supplice, dans une forme très littéraire du reste. Ils promettent à Mirabeau le sort d’Étienne Marcel dans un calembour latin, ce qui est raffiné : Tu Marcellus eris! S'ils lui souhaitent la corde, c’est avec une pointe : « À la hauteur où vous êtes, vos ennemis même conviennent que le gibet est le seul genre d’élévation qui vous manque. » La menace ne reste pas toujours très littéraire ; les mots nouveaux apparaissent; c’est la lanterne qu'on lui garantit, dans la tragédie de l'Abbé Maury vainqueur ou les quatre pendus ; sous les pseudonymes transparents de Rime à Beau, Rime à Rave, Ugraillon et Forclos, il est facile de reconnaître Mirabeau, Barnave, le duc d’Aiguillon et Laclos :

LE VICOMTE DE RIME A BEAU.

Malouet, apprenez...

MALOUET, à part.

Son aspect me consterne.

LE VICOMTE.

L'acte le plus plaisant de la douce lanterne.

MALOUET.

Eh quoi! vous plaisantez.

LE VICOMTE.

Vous en rirez aussi, Lorsque vous apprendrez que tout a réussi. Rime à Rave, Ugraillon, et mon frère, et Forclos Sont traînés par le peuple au pied du réverbère, Et chacun à leur tour on les met en lumière. Mon frère était pourtant au nombre des victimes, Et je ne prétends point pleurer sur son trépas, etc.

Les menaces des Apôtres sont au courant des inventions les