Louis XVI et la Révolution
1% LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.
préhension lente : cela l’expose à des mécomptes : un jour, il lit une déclaration que l’Assemblée lui soumet sur la question de la cocarde : il ne la comprend pas, et signe; la reine lui adresse ensuite des reproches et Louis XVI, embarrassé, ne trouve pour se justifier que cet aveu un peu humiliant : il avait refusé de signer une première déclaration qui lui semblait fâcheuse, mais celle-là lui avait paru sans conséquence. En l’examinant avec la reine, il voit combien il s’est trompé.
Il à besoin qu’on l’excite, qu’on le réveille de sa torpeur. Tandis que Joseph IT en quelques jours a tout vu dans Paris, le roi est obligé de confesser son ignorance sur sa propre capitale. Il apprend de l’empereur qu’il possède le plus beau monument de l'Europe, le dôme des Invalides, et il avoue bonnement qu'il ne l’a pas encore examiné. Chose plus grave, il ne connait pas son armée, et n'en est pas connu. Sous prétexte qu'une inspection coûte trop cher, les régiments passent près de Versailles sans voir le roi, malgré leur désir. Du reste Louis XVI perd peu à ne pas se montrer à ses soldats. Il n’est guère capable de trouver de ces mots qui enflamment la troupe et font d’un pauvre grenadier obscur un héros fanatique qui se ferait tuer pour son maitre. Il restera muet devant les deux gardes du corps qui se sont fait à moitié assommer pour sauver la reine à Versailles : « Le Roi garda le silence, raconte M®° Campan qui a assisté à la scène. Son émotion pourtant était visible, et des larmes d’attendrissement remplissaient ses yeux. La Reine se leva, le Roi sortit, M" Élisabeth le suivit ; la Reine avait ralenti sa marche, et, dans l’embrasure d’une fenêtre, elle me dit : Je regrette d’avoir amené le Roi ici! Si le Roi eût dit à ces braves gens le quart de ce qu’il pense de bien pour eux, ils auraient été ravis, mais il ne peut vaincre sa timidité. » Aussi s’émerveille-t-on à la cour, lorsque par hasard il fait quelque chose lui-même et bien : « La Reine m'a dit, écrit l'archevêque de Toulouse le 43 juillet 1790, la Reine m'a dit les principales idées de son discours qui venait d’être