Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 181

Nous en avons assez dit pour qu’on puisse apprécier la note dominante de la psychologie de Marat. En réalité, s’il eut quelques mérites, — et nous avons, dans cette étude, essayé de les mettre en suffisant relief — il s'abusa sur sa propre valeur. Égaré par une ambition sans bornes, il aurait voulu le monde entier occupé de ses découvertes, et devant une indifférence qu'il prenait pour un dédain d’envieux, il en arrivait à se constituer son propre juge et à accuser de jalousie ceux qui ne pensaient pas comme lui,

Avec cela, d’un tempérament peu patient, d'une irritabilité maladive, il supportait mal les contradictions.

Nous avons dit que Brissot avait souvent amené chez lui des personnages illustres, désireux d’être témoins de ses expériences. Si la plupart se plaisaient à rendre hommage à l'habileté de l'opérateur, ils étaient moins séduits par les qualités de l’homme privé.

Outre qu'il s'exprimait difficilement, cherchant ses mots, parlant un langage obscur et confus, sa susceptibilité était telle qu'il ne tolérait pas qu'on fût d'autre avis que lui. Brissot nous à conté (1) qu'il vit un jour un effet frappant de cette irascibilité :

« Volta, si célèbre par ses expériences sur l'é-

(1) Brissot, Mémoires, t, T, 355,

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