Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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physionomie disparate que nous essayons de pénétrer. Sans s'arrêter à la conception de David « dont l'imagination a si profondément transfiguré le martyr », ou encore au moulage exécuté par le sculpteur Beauvallet sur le masque du cadavre, et où « la face est totalement défigurée par les convulsions de la souffrance (1), > nous ne signalerons aux amateurs de documents vrais que deux portraits qui nous semblent offrir toute garantie d'authenticité :, l’un composé par Boze (2) et gravé par Beisson, représente le moment où Marat se tournant vers la Gironde, tire un pistolet de sa poche en s’écriant : « Je dois déclarer que si le décret d'accusation était lancé contre moi, je me brülerais la cervelle au pied de cette tribune. » L'autre, moins connu, fut exécuté en 1793 par Deseine, artiste sourd et muet. Il paraît avoir été fort ressemblant (3).

On comprend, devant cette variété d'images, combien différentes ont été les appréciations des écrivains.

C'est sans doute en songeant à la composition de Beauvallet que L. Blanc écrivait : « J'ai vu le

(1) Bougeart, Marat, ete.,t.I, p.9.

(2) C'est une réduction d'un autre portrait, également composé par Boze, que nous avons reproduit en tête de notre volume. (éd. de luxe)

(3) Iconographie Bachelin, p. 34.