Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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comme pour élever sa petite taille à la hauteur de son opinion.

Le son de sa voix était mâle, sonore, un peu gras, et d'un timbre éclatant; un défaut de langue lui rendait difficile à exprimer nettement le e et l’s dont il mêlait la prononciation à la consonnance du g sans autre désagrément sensible que d'avoir le débit un peu lourd ; mais le sentiment de sa pensée, la plénitude de sa phrase, la simplicité de son élocution et la briéveté de son discours effaçaient absolument cette pesanteur maxillaire.

A la tribune, s’il y montait sans obstacle ni indignation, il se campait avec assurance et fierté, le corps effacé, la main droite sur la hanche, le bras gauche tendu en avant sur le pupitre, la tète en arrière tournée en trois quarts et un peu penchée sur l’épaule droite. S'il avait, au contraire, à vaincre à la tribune les hurlements de l'aristocratie, les chicanes de la mauvaise foi, et le despotisme du président, il * attendait le calme avec constance et la parole avec audace; il prenait une attitude hardie, croisait diagonalement ses deux bras sur sa poitrine, et en s’effaçant vers la gauche, donnait à sa physionomie et à son regard un caractère sardonique dont il ne manquait pas d'exprimer tout le cynisme dans son discours.

Il se vêtissait d’une manière néglisée; son in-