Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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cile à diriger dans le sens où on avait intérêt à l’entrainer, était abondante et pleine d'intérêt. On était cependant parvenu, avec cette adresse patiente qui triomphe de la plus rebelle ténacité, à recueillir quelques appréciations, entremêlées d’anecdotes vécues sur l’état pathologique des hommes qui ont dirigé, en un temps quasi légendaire, les destinées de la France.

C’est ainsi que Danton, au dire de Souberbielle, avait fréquemment des congestions au cerveau, qui, pendant les attaques, le rendaient inconscient de ses paroles et de ses actes.

Robespierre, lui, souffrait d'un ulcèré chronique à la jambe que Souberbielle soignait tous les jours, Le matin même du 9 thermidor, quelques heures avant le fameux coup de pistolet, le chirurgien avait pansé une dernière fois, à l'Hôtel de Ville, celui dont l'échafaud réclamait les derniers débris.

Souberbielle était très affirmatif sur ce point; comme aussi sur Marat, tourmenté par un prurit incessant, occasionné par une dermatose que

bonne fortune d'interroger le père Souberbielle, avait consigné sur des feuilles volantes ce qu'il en avait pu recueillir. Ce manuscrit, qu’il eût été si utile de consulter, tomba entre les mains des Prussiens, lors du bombardement de Chatillon (1871). Dans sa Causerie de l'Union, le docteur Simplice n’a raconté que ce qu'il avait pu retenir, après bien des années, de son entrevue avec Souberbielle. Tel qu’il est, son témoignage reste encore bien instructif.