Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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nous aurions été longtemps à préciser sans la révélation inattendue de son médecin.

Marat était herpélique, et il était — ce qui est plus grave — incommodé d’une des manifestations les plus douloureuses et les plus dégoùtantes (1) de cette diathèse. L'ami du peuple, à qui on a tant reproché de tremper sa plume dans le sang, était dévoré — circonstance singulièrement atténuante ! — par une affreuse dartre (2) du scrotum et du périnée, dont l’exaspération coïncidait, on peut l'affirmer en toute sécurité, avec la violence de ces phrases, tranchantes comme un couperet, qui étaient, pour tant de malheureux ou de coupables, le passeport de la cuillotine.

Son état de santé des plus chancelants ne devait pas être sans influence sur son caractère. Déjà, en 1774, au moment où il composait en Angleterre ses Chaînes de l'Esclavage, il avait eu des symptômes alarmants d'épuisement nerveux — nous dirions aujourd’hui de newrasthénie —

(1) C'est pour cela que ses adversaires insinuaient qu'il était infecté par la syphilis.

(2) Souberbielle dit : dartre. Plus vraisembläblement, selon nous, ecséma. Il devait en être couvert sur tout le corps; ce qui l'obligeait à rester presque constamment dans le bain. Brissot a conté quelque part que Marat avait inventé et lui avait même vendu très cher (et ils'en plaint amèrement) une eau pour les dartres. Elle n'a pas, en tout cas, réussi à le guérir,