Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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Marat. Les articles sont-ils plus étendus, le malade va mieux ; n’y lit-on que quelques lignes, la prostration est totale. Du 5 au 20 juin il ne quitte plus le lit... Une fois, il voulut à toute force se lever, reprendre sa place à la Convention, prescrire toutes les mesures à prendre, sauver, pensait-il, la patrie (1).

Le surlendemain il écrivait, le désespoir dans l'âme : « Je n'ai pu assister à la séance que deux jours; une maladie inflammatoire, suite des tourments que je me suis donnés sans relâche pendant quatre années consécutives pour défendre la cause de la liberté, m’afflige depuis cinq mois et me retient actuellement dans le lit. »

On était au 23 juin. Comme le bruit courait que les volontaires des départements marchaient sur Paris, l'ami du Peuple s'écrie : « Peut-être viendront-ils voir le dictateur Marat ; ilstrouveront dans son lit un pauvre diable qui donnerait toutes les dignités de la terre pour quelques jours de santé, mais toujours cent fois plus occupé du malheur du peuple que de sa maladie » (2).

Marat était, de plus en plus, dévoré par le prurigo et les ardeurs de la fièvre. Pour rafrai-

(1) Bougeard, Marat, l'ami du peuple, t. II, 254-258-2509. (2) Le Publiciste de la République, n° 134,