Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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chir son front brülant, il y tenait constamment appliquées des compresses d’eau vinaigrée. L’estomac ne supportait plus que les liquides; et pour galvaniser cette vie qui s’éteignait, le moribond en était réduit à boire force tasses d'infusion de café qui le ranimaient quelques instants.

Il était, malgré tout, très confiant dans l’issue de sa maladie, s’en dissimulant volontairement ou inconsciemment la gravité. Il rassurait les amis qui venaient s'informer auprès de lui de sa santé, les délégués de la Société des Jacobins, dont il était le président honoraire, comme aussi les délégués du Club des Cordeliers, venant tous l’assurer de leur dévouement.

La journée du 13juillet fut peut-être meilleure que les précédentes.

Les bains, dont le malade faisait un usage fréquent, le soulageaient en effet. Quand le corps y était plongé, Marat ne sentait plus les ardentes démangeaisons qui le dévoraient. Alors le cerveau se calmait, les idées revenaient, le journaliste se remettait à la tâche ; aussi sortait-il le moins possible de la baignoire, qu’on recouvrait d’un drap ; la tête seule et les bras étaient libres, une planche placée en travers lui servait de table, et d'appuie-mains (1).

(1) Bougeart, loc. cit. p. 262, t. IL.