Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

210 MARAT INCONNE

Il en descendait une femme, vêtue de brun, portant un chapeau haut de forme, avec cocarde noire et trois cordons noirs. La voyageuse, après avoir pris possession de sa chambre, se faisait indiquer le Palais de l'Égalité et la rue Saint Thomas-du-Louvre, où habitait le député Claude du Perret. Elle devait lui remettre divers imprimés et une lettre (1). Ne l'ayant pas rencontré, elle y revenait le soir même pour le prier de l’accompagner chez le Ministre de l’Intérieur. Le vendredi, ils se rendaient tous deux au ministère, où on leur promettait une audience pour la soirée.

C’est le lendemain que M'° Corday — car la voyageuse, c'était elle — décida de ne pas différer plus longtemps le but de son voyage.

Sortie dès le matin, elle se rend au jardin du Palais Égalité, où elle fait l'acquisition, moyennant quarante sols, d’un couteau à manche en bois d’ébène fraîchement émoulu. Puis, entre 8 et 9 heures du matin, suivant les uns, vers onze heures et demie, suivant d’autres, la jeune femme se présente au n° 80 de la rue des Cordeliers (2), monte au premier étage et demande à parler au citoyen Marat.

(1) Du Perret en donna, quelques jours après, lecture à la Convention. (V. le Moniteur, 1193.)

(2) Au moment de l'ouverture du boulevard Saint-Germain (section comprise entre le carrefour de l'Odéon et le