Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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c'est une manœuvre élémentaire toute indiquée pour une hémorrhagie artérielle, quand on n’a pas d'instruments. (Et à ce propos est-il besoin d'insister sur les fantaisistes assertions de quelques historiens qui prétendent que Charlotte Corday avait eu l'idée d'y porter son propre doigt ?)

Malheureusement le sang coulait & flots, et l’on arrivait trop tard.

« La blessure de Marat, a judicieusement dit le docteur Corlieu (1), a beaucoup d’analogie avec celle de Henri IV. On sait que Ravaillac frappa deux coups : le premier ne pénétra pas dans la poitrine, mais le second perça l’un des lobes du poumon gauche, et de là coupale tronc de l'artère veineuse à y mettre le petit doigt un peu au-dessus de l'oreille gauche du cœur.

> La blessure du duc de Berry n’amena la mort qu’au bout de sept heures; mais le poignard avait ouvert l'oreillette droite du cœur en deux points opposés, l'un près de l'insertion de la veine cave inférieure, l'autre vis-à-vis de la première. »

La médecine légale apporte une fois de plus son concours éclairé à l'Histoire. Les preuves scientifiques et la tradition se prêtent un mutuel appui pour arriver, de concert, à la découverte de la vérité.

(1) Paris médical, 16 février 1889.