Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

(Q) 4 Où

MARAT INCONNU

IV. — Les obsèques de Marat Le Cuille posthume de l'Ami du peuple.

Marat, le physicien ingénieux dont on avait étouffé les découvertes, le savant bafoué qu'on avait cherché à tuer par le ridicule; Marat, le politique avisé dont on méprisait les prophéties, l'homme qui n'avait connu que l’amertume du dénigrement et de la plus obsédante des persécutions, put savourer une fois au moins en sa ie les ivresses du triomphe.

Décrété d'accusation par ses collègues de l’Assemblée, il en avait appelé de ce jugement à son peuple qui solidarisa sa cause avec la sienne par la plus éclatante et la plus grandiose des manifestations. Le 24 avril 1793, il faisait son entrée à la Convention, porté à bras sur un véritable pavois humain, la tête ceinte d’une couronne de chêne ou de laurier, tout couvert de palmes civiques, suivant l'expression imagée de Beaulieu.

Cette ovation,touchante danssa spontanéité, représentée dans un grand nombre d’estampes (1), célébrée en prose et en vers, criée par les aboyeurs dans toutes les rues et avenues, an-

(1) Dont la plus connue est celle de Duplessis-Bertaux, reproduite dans l’'Autographe de 1864.