Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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noncée même par le canon dans plusieurs villes de province, doit être considérée comme la préface du culte posthume de son nom et de sa mémoire.

A la première nouvelle de l'assassinat, la foule avait été saisie de ce vertige communicatif, de ce frisson à fleur de peau qui réveille les pires instincts et pousse aux suprêmes folies.

On commentait avec vivacité l'événement de la veille; on cherchait à apprendre les moindres détails de ce drame passionnant qui soulevait dans un bel élan l’indignation publique...

Le peuple se rend à la Convention et, sans souci de la dignité du lieu, envahit les tribunes, attendant avec une impatience grondante l’ouverture de la séance.

Jean-Bon-Saint-André occupe le fauteuil présidentiel. Tous les yeux sont fixés sur lui, étrangement interrogateurs. Enfin il se lève, et d'une voix émue : « Citoyens, un grand crime a été commis sur la personne d’un représentant du peuple : Marat a été assassiné chez lui. »

Un silence de mort plane sur l’Assemblée. Bientôt s'avancent plusieurs sections qui se présentent avec des adresses.

Celle du Panthéon demande pour l'ami du Peuple l'honneur dû aux grands hommes : « C’est une dette que l’Assemblée doit reconnaître dès