Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 13

sur la flotte s’est aussi fort bien conduit, et M. le comte d'Estaing vient de demander la croix du Mérite pour tous deux. J'ai envoyé à mon père la copie de la lettre que le vice-amiral écrit au comte de Creutz à leur sujet. Elle est fort flatteuse, surtout pour l'ainé, et je suis charmé pour lui. Je désirerais bien être dans le cas d’en avoir une pareille. »

Il brûle d’agir, d'affronter des dangers, de faire parler de lui. Aussi les termes de cette lettre, cette surabondance d’affection, ce besoin d’être aimé, une sensible mélancolie, n'est-ce pas la révélation d’un cœur endolori, qui n’ose pas encore avouer son secret, mais qui a besoin d’être plaint et consolé?

Fersen avait raison de craindre que l’expédition ne réussit pas. L'idée d’une descente en Angleterre pour «€ planter le drapeau blanc au milieu de l’insolente nation » fut abandonnée.

Fersen est donc revenu à Paris. Mais il ne veut pas rester. Il remue ciel et terre pour être admis dans l’armée de Rochambeau qui va porter secours aux insurgés d'Amérique. Grâce à M. de Vergennes, ami de son père, avec lequel il s'était lié durant son long séjour comme ministre en Suède, qui appuie ses démarches, il est nommé, au mois de mars 1780, aide de camp de Rochambeau et va s’embarquer à Brest.

Il écrit de là à sa sœur le 4 avril :