Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
42 MARIE-ANTOINETTE
Au Havre, 18 septembre 1779.
Ma chère sœur,
« Votre lettre du 17 août me fut remise il y a deux jours. Je ne vous dirai pas tout le plaisir qu'elle m'a fait. Il se renouvelle avec plus de vivacité chaque fois que je reçois de vos nouvelles. Oui, ma chère amie, mon unique bonheur est de vous aimer et de savoir que votre amitié pour moi est aussi vive et aussi tendre que la mienne. N'ayez point d'inquiétude, ma bonne amie, sur moi; je ne cours aucun danger à la guerre. Ma place d’aide de camp ne m'expose point. Notre expédition est bien douteuse depuis quelque temps. La saison avance et nous n'avons rien fait. Beaucoup de gens croient que nous n’irons pas. Je ne sais que croire. Je crains et j'espère. On assure à présent que nous nous embarquerons le mois prochain. Dieu le veuille. Si cela n'avait pas lieu je ne m'en consolerais pas. Nous tâcherons coûte que coûte de faire notre descente l’année prochaine de très bonne heure. Adieu, ma meilleure amie. Aimez-moi autant que je vous aime.
» Notre Stedingk!, celui qui est chambellan de la Reine [de Suède] et qui est allé en Amérique, s’y est distingué à la prise de Grenade. Son frère qui était
4, Le comte Stedingk, officier suédois, s'était engagé comme
volontaire sous le comte d'Estaing et faisait la campagne d'Amérique.