Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
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Pour traiter cette affaire délicate il se décide à partir pour la Suède. Il écrit encore à sa sœur :
« Je partirai d'ici le 15 septembre et je serai en Suède le 13 octobre. Que j'aurai de plaisir à vous voir, ma chère amie, et pouvoir causer avec vous, vous dire combien je vous aime et vous assurer de l'amitié vive et tendre que je vous porte toujours. »
Mais la sœur a dû ouvrir de grands yeux quand elle lut plus loin qu'il quittait Paris à regret, que ce départ lui était pénible :
« Malgré tout le plaisir que j'aurai de vous revoir, je ne puis quitter Paris sans regrets. Vous trouverez cela très naturel quand vous en saurez le sujet. Je vous le dirai, car je ne veux avoir rien de caché pour vous. »
Les yeux de la sœur dévouée durent s’agrandir encore lorsque, dans cette mème lettre, après lui avoir annoncé le mariage de mademoiselle Leyel, la riche Anglaise avec qui son père avait voulu le marier, son frère ajoutait :
« Je suis bien aise que mademoiselle Leyel soit mariée; on ne m'en parlera plus et j'espère qu'on n’en trouvera pas d'autre. J'ai pris mon parti, je ne veux jamais former le lien conjugal. IL est contre nature. Comme j'aurai une fois le malheur de perdre mon père et ma mère, ce sera Vous, ma chère Sophie, qui me tiendrez lieu de Fun et de l’autre, et même de femme, Vous serez la maîtresse de ma maison, Elle