Mémoire sur la Bastille
L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 239
on n’a jamais rien vu et je doute que l’on voie jamais rien de semblable.
Le jeudi 16.
Jour et nuit nous marchions à pas de géant dans la carrière de la liberté. Les plus timides levoient enfin la tête, et fixoient d'un œil intrépide tous les simulacres du despotisme, dont on alloit bientôt effacer jusqu'aux moindres traces.
L'assemblée des électeurs arrête, d’une voix unanime, que la Bastille sera démolie jusque dans ses fondemens: : c’étoit le vœu de tous les districts, et, depuis longtemps, celui de la France entière. Déjà les créneaux tombent de toutes parts : le brave Élie nous l’avoit prédit la surveille, lorsqu'il vint nous offrir les trophées de sa victoire.
L'un de nous, s’élançant vers le bureau, s’écrie : « Ah! Messieurs, sauvons les papiers. On dit, ajouta-t-il, que les papiers de la Bastille sont au pillage; hâtons-nous de recueillir les restes de ces vieux titres d’un despotisme intolérable, afin d’en inspirer lhorreur à nos derniers neveux. »
1. Le mardi 23 février r790, le district de Saint-Louis de la Culture et les ouvriers qui travailloient à la démolition de la Bastille nous présentèrent le modèle de cette forteresse, fait avec l’une des pierres tirées des fondemens. (Dusaulx .)