Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)
ARMÉES DU NORD ET DE SAMBRE-ET-MEUSE 21
j'avais voulu les écouter l’un et l’autre, ils m'en auraient vengé sur-le-champ par l'épée. Je préférai que ce malheureux fût convaincu de plusieurs vols dont on le soupconnait au bataillon, et que justice en fût rendue.
Je profitai donc de l'absence du capitaine Fauchison, à qui j'avais permis d'aller à Dunkerque, pour faire ouvrir et visiter son porte-manteau en présence de trois officiers. On y trouva en effet plusieurs objets volés. Au retour de Fauchison, je: fis inviter les personnes à qui appartenaient ces effets à se rendre près de moi; après quoi nous nous transportämes à la tente de Fauchison à qui j'intimai l’ordre d'ouvrir son porte-manteau. À son refus je le fis ouvrir en sa présence, et l’on trouva une pièce de galon d’or appartenant à un marchand de Dunkerque, deux paires de bas de soie appartenant au lieutenant Beaudoin, un service d'argent marqué appartenant à un traiteur de Dunkerque, et différents autres effets, qui tous furent reconnus et emportés par les personnes à qui ils avaient été volés, et qui se trouvaient présentes.
J'avais aussi la certitude que ce mauvais sujet faisait compter dans sa compagnie deux hommes en plus. C’en était trop pour ne pas le faire conduire dans les prisons, à Dunkerque, pour y être jugé par un conseil de guerre. Les juges, ne pouvant prononcer sur les vols, ma plainte seule concernant les deux hommes, dont il empochait les vivres et les deniers suffit pour le faire condamner à cinq ans de galères, peine qu'il avait méritée avant que de servir sous mes ordres. Telle fut la manière dont je me défis de ce garnement, qui dut bien s’apercevoir alors que celui qui, d’après sa lettre, n'était propre à rien, savait pourtant lui faire sentir le