Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.
[ 300 ] cer le pañlage pour venir avec mes convois # Prats de Mollo. Il eft probable que, s’il ne prit pas ces mefures, il me crut fait prifonnier avec ma colonne du côté de Ripoll.
Mais, je le demande à tous les hommes juftes ë& fenfés, fi une telle croyance, fiune telle fuppofition fuflifait pour jufifier un général qui fe laiffe forcer dans un bon poîte, malgré fes deux mille cinq cents hommes & fon artillerie, pourquoi punirait-on, pourquoi blâmerait- on, pourquoi rirait-on bêtement d’un autre général qui a eu l'énergie de fe débloquer d’un trou comme Ripoll? Pourquoi calomnierait-on un général en chef qui, avec fa feule avant-garde, reprend une pofte important, qui fauve par fon fangfroid des convois immenfes, & qui par fa témérité répare le malheur des autres ? ...
Les militaires font le plus fouvent fort mal jugés dans leurs opérations , par la raifon que les juges font trop éloignés de la fcene, & que ceux qui inftruifent les juges font toujours les jaloux rivaux de l’accufé. L'événement de Campredon fut fans doute malheureux ; mais devait-il retomber fur celui qui ne s’y trouvait pas ? Pouvait-il raifonnablement faire oublier la deftruction des fabriques de Ripoll? Pouvait-il faire oublier le verfement des armes & des outils dans les atteliers de la république ?
Ce n’eft pas le feul jugement bizarre que j'aie vu porter: heureux, trop heureux, fi je m'en fufle trouvé la feule vi@ime! Mais il réfulte fouvent des maux généraux, de la perfécution qu'on dirige contre un particulier: on en verra