Mémoires sur la Révolution française

MORT DE LA REINE 191

faillir, surtout quand le bourreau me prit le cou en disant: « Ce sera bientôt fait, ilestsi long et si mince! Si c’est moi qui dois vous expédier, vous ne vous en apercevrez même pas.» Ilallait en ce moment exécuter un pauvre prisonnier vendéen sur la place du marché de Versailles. On emmenait beaucoup de nos camarades de prison à Paris pour être jugés par le tribunal révolutionnaire, et ils étaient tous exécutés. J'espérais beaucoup pouvoir rester longtemps à Versailles.

Le 26 octobre nous arriva la nouvelle de l’exécution de la pauvre reine : rien ne pouvait plus nous surprendre, car nous ne voyions plus autour de nous que des horreurs. Nous apprimes avec admiration la grandeur d'âme et le courage de la reine et nous résolümes d'essayer d'imiter un si haut et si grand exemple. Tous enviaient son sort, comme on enviait celui de toutes les victimes dont l'exécution était accomplie,

car il y avait quelque chose de hideux à être traîné à

l'échafaud à travers les insultes de la populace.